Ay agu
Brume
un extrait du documentaire sur Mhammed issiakhem
La révolution qui dévore ses enfants...
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Dans ce
texte, le poète renvoie à un exilé dont la patrie subit le règne de
l’arbitraire. Dans un prélude où la poésie se mêle à la méditation, il
s’adresse à ses anciens amis. Il les hèle vainement. Il les retrouve dans le
rêve. Il les considère comme la seule voie de secours pour chasser l’angoisse
qui le hante et qui le dévore sur une terre étrangère.
Dans un
rappel historique, le poète met en scène un pays innommé, mais il s’agit bien
sûr de l’Algérie, où toutes les cartes sont brouillées. Ceux qui, hier, furent
du côté de l’ennemi sont aux commandes. Ils ont chassé tous les autres, ceux-là
même qui ‘’ont préparé la grenaille de plomb» pour l’ennemi au moment où les
autres lui préparaient des ‘’agapes’’.
Mais, la
génération d’alors, happée par les nécessités terre à terre d’aujourd’hui, ne
se souvient plus. La mémoire de la nouvelle génération ne s’articule sur aucun
relais. Il faut bien procéder à un travail de mémoire. Le héros du poème
rappelle que, à la fin de cette ‘’malédiction’’ (la guerre), il finit par
tomber sous la férule et la protection des anciens félons.
Gardant sa
fierté et ne voulant céder à aucun clientélisme, il fait valoir l’authenticité
de ses racines : ‘ . C’est alors qu’il décide de s’exiler laissant son frère
aux commandes ‘’se livrer à ses lubies’’ (‘’labourer et battre le blé’’, selon
le texte kabyle).
Ce sont tous
les avatars de l’Algérie indépendante qui sont sériés dans ce texte d’Aït
Menguellet. C’est la révolution dévoreuse de ses enfants. Exilés politiques,
artistes réduits au silence, exilés de la parole libre, bref, tous ceux qui ont
subi le retour de manivelle d’un combat dénaturé et perverti par les
‘’légionnaires’’ de la 25e heure et les médiocres à qui le destin a
curieusement et injustement souri. Une vacuité sidérale hante le pays et un
malaise indéfinissable habite les esprits.
Le poète y
met une poésie d’une rare beauté faisant intervenir un élément du cosmos, la
lune, que l’exilé interrogera par une série de questions. Ici, la lune est
considérée comme un élément fédérateur observé par l’exilé depuis son lieu
d’élection mais aussi par les amis qu’il a laissés au pays. Subitement, un
autre élément de la nature survient. C’est le brouillard. L’exilé engagera un
dialogue avec cette masse brumeuse. Il la questionnera sur son lieu de
provenance. Le brouillard vient du pays du proscrit. Qu’a-t-il vu ?
Il a vu les
amis chéris de notre infortuné proscrit. Ce dernier veut savoir si son frère
tien toujours les rênes du pouvoir. Le brouillard lui répond par l’affirmative
en lui faisant observer que c’est un ‘’pouvoir sans brides’’ qui ne redouterait
rien ni personne à vouloir se perpétuer. L’arbitraire continue, lui apprend-t-il.
Même si, par
intermittences, il est mis en veilleuse, il se régénère. Voulant savoir où se
destine exactement le brouillard que ramènent les vents jusqu’au lieu où se
trouve le proscrit, cet élément de la nature lui annonce qu’il vient en
mission, sur ordre des frères régnant sur le pays, pour voiler le soleil de
l’infortune exilé !
Mordante
allégorie à la situation d’arbitraire vécue par l’Algérie pendant les années 70
après une révolution sanglante mais prometteuse, A Yagu est l’un des textes
d’Aït Menguellet les plus élaborés sur le plan du style, du contenu politique
et revendicatif et sur le plan de la ‘’narration’’ si l’on peut se permettre ce
concept appliqué à la prose.
Amar Naït
Messaoud.
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Ay agu
Muqlent
wallen
Anid’aa
walint ahbib
Ulac-iten
Ur d-ƫƫawḍen ur qrib
Anida-kwen
Anda tṛuhem
A wid ur
nqebbel ara lɛib
Ul-iw yugi
Ad yamen
belli tekfam
Lakwen-iƫnadi
Yeƫƫaf-ikwen
di lemnam
Anida-kwen
Sanga-tṛuhem
A wid i ɣedṛen
wussan
Lwehc yezga
Yuɣal wul-iw
d axxam-is
ɣuri yfa
yakw ayen
i-gnuda wul-is
anida-kwen
d lfeṛh nnwen
iss ara yeğğ
amkan-is
lwehc yenna-k
d axxam-iw
ara rreɣ ul-ik
tura zmerɣ-ak
al’iṛfiqen i
d afriwen-ik
widak ṛuhen
ulac-iten
w’ara yilin d
amɛiwen-ik
nfiɣ akken
yakw nfan
lameɛna ssebba yiwet
d gma mi
s-mennaɣ lehsan
yekker-ed ɣri
ad iy-iwet
nfiɣ ad
beddelɣ amkan
qim a gma
kerz sserwet
a d-nesmekti
lğil yeƫƫu
ɣef ḍar asmi nẓemmed arkas
mi-geftel i
weɛdaw
seksu
nek ftelɣ-as-d
ahlalas
asmi tekfa
ddeɛwessu
ɣliɣ ddaw leɛnaya-s
leɛnaya-k tecb’amesmaṛ
yerṣan di tesga yeqqim
nek a
k-d-gganiɣ amnaṛ
seg-ufus-ik
ad ččeɣ alqim
si tasaft i
d-giɣ asɣar
mačči d
dderga uɣanim
seg-wasmi beɛdent wallen
ur ctaqent
imeṭṭi
neɣ uṛğant w’aa
d-iṛuhen
xeṛṣṣum a t-id-nesteqsi
mačči d keč i
di-iɣaḍen
d akal i seg
i d-nefruri
a tiziri
i d-idehnen
tiɣaltin
a tiziri
anida lliɣ
anida bɣun
ilin
a tiziri
la kem ƫwaliɣ
akken i la
kem id ƫwalin
a tiziri
uṛğiɣ lexbaṛ
yeɛdel yiḍelli d wassa
uṛğiɣ lexbaṛ
yeɛdel wassa d uzekka
uṛğiɣ lexbaṛ
am unebdu am
ccetwa
uṛğiɣ lexbaṛ
ƫɛessaɣ mkul ğiha
yussa-d wagu
yufa-yi-d
mi t-steqsaɣ
yenna-yi-d
ay ameɣbun-iw
ah…
ansi d-tekkiḍ ay agu
ay agu
d-yebbwi waḍu
kkiɣ-d ansi
d-tṛuheḍ
sang¸akken ur
teƫƫuɣaleḍ
ay ameɣbun-iw
ah…
d ac’i d-teẓriḍ ay agu
ay agu
d-yebbwi waḍu
ẓriɣ-d agad i themmleḍ
ur teƫɛawaḍeḍ a ten-teẓreḍ
ay ameɣbun-iw
ah…
d ac’i
diy-infan ay agu
ay agu
d-yebbwi waḍu
seg-wasmi
yemmut babak
itbeddel
targit fellak
ay ameɣbun-iw
ah…
ma mazal gma
yehkem
ay agu
d-yebbwi waḍu
ahkim ur nesɛ’ar ahkim
anw’aa yagwad
ma yeqqim
ay ameɣbun-iw
ah…
ml-id ma
yella lbaṭel
ay agu d-yebbwi
waḍu
d atemeten-ik
i t-ixeddmen
mi ɛyan degs a t-neṭlen
ay ameɣbun-iw
ah…
ihi yemmut
lbaƫel
ay agu
d-yebbwi waḍu
d atmaten-ik
i t-ineṭlen
i la t-id
yessekfalen
ay ameɣbun-iw
ah…
sang’i d-tṛuheḍ ay agu
ay agu
d-yebbwi waḍu
ceggeɛ-yi-d watmaten-ik
iwakken a k-ɣummeɣ iṭij-ik
ay ameɣbun-iw ah…
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Brume
Mes yeux ont
cherché
Où trouver un
de mes amis.
Ils ne sont
plus autour de moi
Et leur
arrivée est compromise.
Où êtes-vous
?
Où êtes-vous
allés ?
Ô vous qui
refusiez le déshonneur.
Mon cœur
refuse
De croire que
je n’ai plus d’amis.
Ils vous
cherchent,
Il vous
retrouve dans les rêves.
Où êtes-vous
?
Où êtes-vous
allés ?
Vous que les
jours ont trahis.
La nostalgie
est permanente
Elle a fait
de mon cœur sa demeure.
Elle trouve
en moi
Tout ce qu’elle
pouvait désirer.
Où êtes-vous
?
Il n’y a que
votre joie
Qui puisse
lui prendre sa place.
La nostalgie
m’a dit :
Je ferai de
ton cœur ma résidence.
Maintenant je
peux te vaincre
Car tes amis
étaient ton seul salut.
Ils sont,
maintenant, partis
Ils ne sont
plus là
Qui viendrait
à ton secours ?
Je suis banni
comme tous les bannis
Mais pour une
raison qui m’est propre :
Le frère en
qui j’espérais le bien
A résolu de
me combattre.
Je pars, je
change de pays
Reste frère,
laboure et moissonne à ta guise.
Rappelons à
la génération oublieuse
Le temps de
notre engagement :
Quand lui
servait le couscous pour l’ennemi,
Moi je le
truffais de billes de plomb.
Quand le
conflit prit fin
Je me suis
retrouvé sous sa protection.
Ta protection
est semblable au clou
Planté face à
l’entrée à demeure
Tandis que
moi du seuil je guette
Pour recevoir
pitance de ta main
C’est du
chêne que je tire racine
Non du roseau
Depuis que
mes yeux ont connu l’exil
Ils n’ont pas
manqué de larmes
Ils attendent
que le messager vienne
Pour du moins
l’interroger
Ce n’est pas
de toi que j’ai peine
C’est de la
terre d’où nous sommes issus
Clair de lune
Qui oins les
crêtes
Clair de lune
Où que je
sois
Où que nous
soyons
Clair de lune
Je te
contemple
Comme tous te
contemplent
Clair de lune
J’attends les
nouvelles
Aujourd’hui
comme hier
J’attends les
nouvelles
Aujourd’hui
comme demain
J’attends les
nouvelles
Hiver comme
été
J’attends les
nouvelles
De toutes
parts
Puis vint la
brume qui me trouva
Et quand je l’interrogeai
me dit :
Mon pauvre
gars…
D’où t’en
viens-tu brume
Brume poussée
par le vent?
Je viens d’où
tu es venu
Où jamais
plus tu ne repartiras
Mon pauvre
gars…
Qu’as-tu vu là-bas
brume
Brume poussée
par le vent?
J’y ai vu
ceux que tu aimais
Et que tu ne
reverras plus
Mon pauvre
gars…
Qu’est ce qui
m’a poussé à l’exil brume
Brume poussée
par le vent ?
Du jour où
ton père est mort
Tu n’as plus
les mêmes rêves
Mon pauvre
gars…
Peut-être mon
frère a-t-il encore le pouvoir
Le pouvoir
sans contre-pouvoir
Qu’a-t-il à
craindre à s’installer
Mon pauvre
gars…
L’injustice dis-moi
s’exerce-t-elle
Brume poussée
par vent?
Ce sont tes
frères qui la pratiquent
Et qui, quand
ils en sont las, l’enterrent
Mon pauvre
gars…
L’injustice
est donc morte
Brume poussée
par le vent?
Tes frères
qui l’ont enterrée
Maintenant la
déterrent
Mon pauvre
gars…
Où t’en
viens-tu ainsi brume
Brume poussée
par le vent ?
Tes frères m’envoient
Pour voiler
ton soleil
Mon pauvre
gars…
(traduction de Tassadit YACINE)
(traduction de Tassadit YACINE)
Splendide, Je ne connaissais pas cet auteur jusqu'à ce matin quand je l'ai entendu à la radio!
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